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Chute de Stellantis : les raisons derrière le déclin du groupe automobile

Le groupe Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, traverse une période de turbulences. Les récents rapports financiers montrent une baisse significative des ventes et des bénéfices. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation préoccupante.

La pénurie mondiale de semi-conducteurs perturbe gravement la production de véhicules, entraînant des retards et une diminution des stocks. La montée en puissance des véhicules électriques impose des défis technologiques et d’investissement que Stellantis peine à relever. La concurrence féroce des constructeurs asiatiques et américains accentue la pression sur le groupe, rendant difficile la reconquête des parts de marché perdues.

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Les difficultés financières de Stellantis

La situation financière de Stellantis s’alourdit. Le groupe automobile, dirigé jusqu’à récemment par Carlos Tavares, affiche un bénéfice net de 5,5 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires net de 156,9 milliards d’euros. Toutefois, le flux de trésorerie disponible des activités industrielles est négatif, atteignant -6 milliards d’euros.

La gestion des stocks devient critique. Stellantis compte actuellement 304 000 véhicules en stock, en deçà de l’objectif de réduction fixé à 330 000 unités. En Amérique du Nord, le groupe enregistre une perte de 1,7 milliard d’euros, avec une marge réduite à seulement 4,2%. En Europe, bien que la marge soit légèrement meilleure à 4,1%, elle reste insuffisante pour compenser les pertes ailleurs.

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  • Livraisons au premier trimestre : 1,22 million d’unités
  • Livraisons aux États-Unis : 325 000 unités
  • Livraisons en Europe : 568 000 unités
  • Livraisons au Moyen-Orient et en Afrique : 100 000 unités
  • Livraisons en Asie-Pacifique : 12 000 unités
  • Livraisons en Amérique du Sud : 211 000 unités

Les provisions pour le remplacement des airbags défectueux Takata s’élèvent à 768 millions d’euros, ajoutant une pression supplémentaire sur les finances du groupe. Le remplacement de ces airbags est non seulement coûteux mais aussi chronophage, affectant la capacité de Stellantis à répondre à la demande du marché.

La redistribution des responsabilités au sein de la direction, avec la nomination de John Elkann comme PDG par intérim, vise à redresser la barre. Stellantis espère inverser la tendance négative en 2025 avec une hausse anticipée des revenus. Toutefois, le chemin vers la stabilité financière demeure semé d’embûches, notamment en raison des défis technologiques et des problèmes de production qui persistent.

Les échecs commerciaux des nouveaux modèles

Stellantis peine à séduire avec ses nouveaux modèles. Les lancements récents n’ont pas rencontré le succès escompté. La marque Maserati, par exemple, a enregistré des ventes de seulement 11 000 voitures en 2024, entraînant des pertes de 260 millions d’euros et une marge négative de -25%. Les marques Alfa Romeo, Chrysler, Dodge, Jeep et Ram ont aussi enregistré des baisses significatives.

Le lancement des nouveaux modèles basés sur les plateformes STLA Medium, STLA Large et STLA Frame n’a pas suffi à redynamiser les ventes. Les véhicules électriques Jeep Recon et Jeep Wagoneer S, pourtant attendus comme des innovations majeures, peinent à convaincre les consommateurs. Le modèle Jeep Cherokee envisage même d’abandonner son nom historique, signe d’une crise d’identité profonde.

Les modèles européens, tels que la Fiat Grande Panda, le Citroën C3 Aircross, l’Opel Frontera et la Peugeot 3008, n’ont pas rempli les carnets de commandes comme espéré. Seules 120 000 commandes ont été enregistrées pour le Peugeot 3008, un nombre décevant pour un modèle censé être phare. L’absence d’innovations marquantes et la concurrence féroce sur le marché européen, notamment avec Renault et Volkswagen, exacerbent les difficultés.

La stratégie de diversification des marques sous l’égide de Stellantis montre ses limites. Les modèles transatlantiques n’ont pas trouvé leur public, ni en Europe ni en Amérique du Nord, où la part de marché s’érode progressivement. La situation appelle à une révision stratégique, tant au niveau du design que des technologies embarquées, pour espérer un rebond.

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Impact de la crise automobile européenne sur Stellantis

La crise automobile en Europe affecte directement Stellantis. Face à une concurrence exacerbée et un marché en contraction, le groupe enregistre une marge de seulement 4,1% sur le continent. Les livraisons européennes s’établissent à 568 000 unités, représentant une part de marché de 15,8%.

Les différentes marques du groupe souffrent aussi :

  • Peugeot : part de marché de 5,7%
  • Citroën : part de marché de 3%
  • Opel : part de marché de 2,7%
  • Fiat : part de marché de 2,4%

Le segment des véhicules électriques et hybrides n’a pas permis de compenser la perte des ventes de modèles thermiques. La montée en puissance de concurrents comme Renault et Volkswagen accentue la pression sur Stellantis, qui peine à maintenir ses positions historiques.

Le climat économique général en Europe, marqué par des incertitudes politiques et des tensions commerciales, complique davantage la situation. Les droits de douane imposés par certains pays et la hausse des coûts des matières premières impactent les marges du groupe. La stratégie de Carlos Tavares est mise à rude épreuve, et la nomination de John Elkann comme PDG par intérim doit permettre de redresser la barre.